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Barcelone, samedi 13 août, festival DGTL. Alors que les stars de la techno s’agitent sur les scènes principales, Jérémy Underground cale ses premiers disques au bout du Parc Del Forum, près du port. C’est la plus petite scène, mais la foule la plus dense. Derrière les platines, le Français, en short, jambes bien écartées, ondule d’arrière en avant en balançant ses perles house old school. Les sourires des premiers rangs valaient toutes les montées mentales offertes par une affiche réunissant le gratin de la musique électronique mondiale, avec Nina Kraviz et un contingent allemand constitué de Ben Klock, Marcel Dettmann, Ame ou Rødhåd, qui ont tous une place au chaud au sein du fameux top 100 de Resident Advisor, le baromètre annuel des DJ’s. Jeremy Underground, lui, a fait son apparition dans le classement l’an passé. Une entrée remarquée, directement à la 45e place, dans un top où les Français se font rares (Apollonia et Laurent Garnier sont ses seuls compatriotes). Une gageure, alors qu’il n’a lancé son label qu’en 2010 et qu’il ne produit pas de morceaux lui-même. Sa popularité, il la doit à une idée, un concept : faire revivre des morceaux de house oubliés, qu’il compile sur son label My Love Is Underground. Depuis deux ans, sa cote ne cesse de monter au fur et à mesure que clubbeurs et festivaliers sont conquis par ses sets enflammés, devenus une garantie de passer un bon moment. Il fait désormais partie des DJ’s les plus recherchés d’Europe, tout ça grâce à son digging fanatique de disques house des années 80-90.
Des disques qui sortent de l’ordinaire
Une démarche authentique qui finit par payer, puisque le voilà parmi les DJ’s les plus scrutés du moment pour ses playlists surprenantes. « Je n’ai aucun plan de carrière, j’ai toujours suivi mon instinct. Je n’ai jamais eu de manager qui me disait de faire ci ou ça. Je joue juste la musique que j’aime. » Passer des disques rares est devenu une tendance dans le monde de la dance music, dont le public pousse les DJ’s à devenir plus exigeants. « Effectivement, dans un milieu de la nuit qui peut parfois être superficiel, on assiste à la revanche des nerds, avec des DJ’s comme Floating Points, Ben UFO, Caribou, Hunee ou MCDE, qui ne sont pas là juste pour la drogue et les filles, mais pour passer des disques qui sortent de l’ordinaire. Le niveau des DJ’s augmente, ce sont des signes très positifs. »
Même avec une telle cote de popularité, pas de risque que Jérémy Underground prenne la grosse tête, surtout quand on le voit s’appliquer à répondre à tous ceux qui réclament le nom d’un morceau sur les réseaux sociaux : « C’est vrai que je passe beaucoup de temps sur Facebook ou Instagram, parce que je considère que c’est respectueux de répondre à des gens qui sont passionnés comme moi. Je perds du temps parfois, mais je fais aussi des super découvertes ou je vois des messages géniaux. C’est important d’être en contact. Je ne peux pas vivre séparément de mon public, c’est impossible. Plus je reconnais de têtes dans la foule, plus je suis heureux, c’est ce qui me fait vibrer dans ce métier. Ce n’est pas juste me pointer derrière les platines, faire ma star et me casser. J’ai été un fanboy de Kerri Chandler, je sais ce que c’est. »
D’ailleurs, une semaine après son set à Barcelone, Jérémy Underground rejoignait son idole de jeunesse à Londres pour une Boiler Room exceptionnelle en duo aux platines. Une consécration ? « C’est une belle étape symbolique, rigole-t-il. Mais je n’ai que 29 ans, et j’espère qu’il y aura d’autres consécrations à venir ! »
Le 3 septembre sur la scène Hors Série #1, Gare Saint Lazare.
Les prochaines sorties de Jérémy Underground : Compilation MLIU16 (My Love Is Underground) seulement en vinyle. Compilation Beauty (Space Talk) en vinyle/CD/digital.